L’Orphéon de Franconville (1872 - 1899)
Par C. Mahé

Parmi les premières sociétés musicales formées à Franconville à la fin du XIXe siècle, l’une d’entre elles s’est démarquée par sa participation à de nombreux concours musicaux : L’Orphéon de Franconville.
Fondé en 1872 par Prosper GILLES, instituteur et directeur dans la mairie-école des garçons, l’Orphéon de Franconville s’est inscrit dès son origine dans la lignée du mouvement fondé en 1833 par Guillaume-Louis BOCQUILLON (dit WILHEM), compositeur et philanthrope français.

Les « orphéons », nom donné en hommage au poète de la mythologie grecque Orphée, étaient en effet constitués de chanteurs issus des classes moyennes et populaires. Subventionnées le plus souvent par leur municipalité, ces chorales d’hommes disposaient d’un encadrement bénévole et étaient nombreuses à se réunir lors de manifestations festives. À l’époque où l’Orphéon de Franconville a été créé, les sociétés orphéoniques comptaient en France entre 300 000 et 400 000 membres. Vingt ans plus tard, le nombre de chanteurs atteignait presque le double !

Affiche fête 2eme millionL’une des plus grandes manifestations à laquelle l’Orphéon de Franconville a sans doute participé s’est déroulée le 20 septembre 1891 à Paris, à l’occasion de la « fête du 2e million » organisée par La France prévoyante (société civile de retraite). Ce jour-là, le concours d'orphéons, d'harmonies et de fanfares réunit 70 sociétés sous la Tour Eiffel, représentant près de 4 000 exécutants devant près de 130 000 spectateurs. Lors de la distribution des récompenses, l’Orphéon de Franconville alors dirigé par M. DURAND s’est vu ainsi décerné un premier prix.
Pourtant, les premiers concours auxquels participa l’Orphéon furent difficiles et nul ne doute du travail accompli par M. GILLES. Lorsqu’il décida de créer un Orphéon dans ce village d’à peine plus de 1 200 habitants, l’instituteur avait pris ses fonctions trois ans plus tôt, à l’âge de 30 ans, en 1869.

En juin 1875, M. GILLES réunit 18 chanteurs lors d’un concours de sociétés chorales à Caen. Alors classé en 3edivision – 3e section, l’Orphéon de Franconville reçut un verdict pour le moins sévère : « Premiers ténors et secondes basses faibles. Voix sans timbres à l'exception d'un premier ténor, qui, celui-là, sait chanter. Manque d'homogénéité ; ensemble froid. ».
Ce jugement n’allait cependant pas mettre un terme à cette chorale. Au contraire ! Durant 27 ans, l’Orphéon a rassemblé nombre de franconvillois (jusqu’à 38 chanteurs sous la houlette de M. DURAND), et participé à de nombreux concours, du Plessis-Bouchard à Fécamp, en passant par Neuilly, Clichy, Meaux, Courbevoie...
Parmi les flatteuses récompenses, retenons les palmes et autres couronnes marquées de prix d’honneur, 1er prix de lecture à vue, 1er prix d’exécution…

 

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Bannière Orphéon 

Ses deux dirigeants successifs, MM GILLES et DURAND ont été remerciés à diverses occasions.

Pour n’en citer que deux, en novembre 1887, un toast au fondateur, instituteur aimé et respecté de tous, fut porté par M. VERGOIN, député de Seine-et-Oise, lors du banquet de la Sainte-Cécile. Ce n’est donc pas étonnant qu’il fut confié à Prosper GILLES la tâche de rédiger un discours lu lors des obsèques du caporal PORLIER, pompier décédé en exercice en 1888. À cette occasion, l’Orphéon de Franconville accompagna avec la fanfare le service religieux.

Par ailleurs, en 1891, la municipalité vota des remerciements pour les cours gratuits de solfège gratuits prodigués par M. DURAND.

Si les concours donnaient à l’Orphéon l’occasion de se perfectionner dans son art, le but de cette société musicale était surtout de participer à la vie de la commune. En témoigne la première grande manifestation musicale à Franconville de 25 juillet 1886 au cours de laquelle se sont réunies 28 sociétés musicales, chorales, orphéons, sociétés symphoniques, fanfares, harmonies… appartenant à 22 communes des environs. Près de 500 musiciens environ exécutèrent ensemble ce jour-là le "Souvenir de Franconville" écrit par A. BILLAUT.

Affiche festival concert 1886

L’Orphéon de Franconville, enfin, était aussi l’occasion d’apporter un peu de loisir à un environnement rural parfois difficile, et de réunir des hommes autour d’une bannière, emblème fédérateur auquel les orphéonistes accordaient une très grande importance.