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                    FRANCONVILLE Sous l’ancien régimeBtn retour
Chapitre 2
Par
Allain PRIGENT

 

Grapeau de lancien regimeTandis que les moines de l’abbaye de Saint-Denis parachevaient leur clos entre les rues de Paris et d’Ermont, le premier seigneur de Franconville Guillaume Bateste, s’installe rue de Cormeilles. Il se constitue un domaine sous le nom de Clos Bateste et établit son manoir au coin de cette rue et de la route de Pontoise. Son épouse Marguerite de Montmorency, fille de Gauthier 1ᵉʳ le maréchal, lui apporte en dot le maréchalat qu’elle détient de son père.
Le premier habitat de Franconville se situait rue de Cormeilles, une rue en pente douce descendant de la colline pour rejoindre la route de Pontoise. Là s’étaient édifiées quelques maisons, loin des marécages et des inondations. Pour protéger ses terres contre l’érosion et les éboulements favorisés par cette rue en pente, un mur tout le long du clos Bateste avait été construit. Au-devant de son enclos au centre de la rue de Cormeilles, Guillaume Bateste avait fait construire la première église de Franconville dans laquelle il fut enterré vers 1200. C’était une petite église de campagne, orienté est-ouest, elle était non voutée, charpente apparente à nef unique et sans abside.
Alors nanti de son église, de sa longue rue rectiligne qui se borde de plus en plus de maisons, Franconville commence à faire figure de village et va s’augmenter d’une léproserie ou maladrerie.
A l’extrémité du village, sur le coté gauche de la route menant à Pontoise, au sommet d’une cote qui porte le nom de Saint-Marc, cette léproserie avait été fondée sous le règne de Saint Louis vers 1230. Ce sera sous le règne de Louis XIV que les biens de la maladrerie de Franconville furent attribués à l’hospice d’Argenteuil nouvellement fondé.
À côté des moines de Saint-Denis et des seigneurs de Franconville, viennent se dresser les seigneurs de Montmorency qui s’empressèrent de mettre un péage sur la route de Franconville, ce qui leur permit de se dire seigneur en partie de Franconville. Suite au droit de garenne que possédait le seigneur de Montmorency, Franconville fut nommé Franconville la Garenne, nom mentionné dans une charte de 1383.
Ainsi s’évolue Franconville au détriment d’Ermont, pour se rendre à Pontoise la route par Franconville est plus directe. Le commerce s’y développe, en 1370 Jean le Mire receveur des aides du diocèse de Paris, chargé du recouvrement des impôts pour le paiement de la rançon du roi Jean le Bon, avait taxé le village à la somme de 72 livres alors qu’Ermont à 20 livres. Malheureusement, cet essor favorable de Franconville va être contrarié par la guerre de cent ans et toutes les calamités qui l’accompagnent. Le village subit cruellement les effets, causé par sa situation géographique et son lieu de passage favorable. Le pays fut ruiné par les guerres aussi bien par les Armagnacs que par les Bourguignons. La famine, les épidémies s’ajoutèrent aux pillages des gens de guerre, si bien qu’une partie des habitants, s’ils ne moururent pas tous, jugèrent qu’il était plus prudent de se réfugier dans les villes. En 1471, on ne trouve à Franconville 12 feux, c'est-à-dire moins de 60 habitants.
Après une lignée de plusieurs siècles, le dernier des Bateste, seigneur de Franconville est mort en 1441, la succession est difficile, mais la puissante abbaye de Saint-Denis profite de la situation pour assurer davantage sa domination.
La vieille église de la rue de Cormeilles, ruinée, dévastée par le passage des troupes autant que par les ans, n’est plus utilisable. L’Abbaye de Saint Denis, pour la soustraire à l’influence des seigneurs de Franconville, entreprend de la reconstruire, elle est dressée vers 1450 face au clos Saint-Denis, à l’endroit où elle est aujourd’hui. Elle était de forme rectangulaire, un toit unique recouvrait une nef et deux bas cotés, deux chapelles, l’une consacré à Saint Jean, l’autre à la Vierge. Un porche s’ouvrait au-devant de l’église et un clocher carré couronnait le tout. Il y avait quelques pierres tombales parsemant le sol appartenant à des personnages importants et des curés. Elle fut détruite à la fin du XIX siècle et reconstruite en 1903.
L’accalmie qui se produisit après la guerre de cent ans permit à Franconville de se remembrer peu à peu et à la fin du XVIe siècle d’évaluer la population à près de 500 âmes. Le premier registre paroissial de l’état civil va de 1587 à 1604, il nous apprend qu’à Franconville une maladie contagieuse sévit pendant plusieurs années. Il s’agit de la peste qui sévit au XVIe siècle et pris naissance à Paris dès 1580, à Franconville plus d’un cinquième de la population décèdera.
Au XVIIe siècle, malgré la Fronde, aucun évènement important n’est à signaler. La ville a été pillée plusieurs fois par les reitres ou les lansquenets. En 1588, les habitants demandent au roi l’autorisation de s’enclore pour se protéger. Des actes nous précisent qu’il y a une porte à chaque extrémité, cela durera jusqu’au XVIIIe siècle.
Le XVIIIe siècle, principalement la seconde moitié de ce siècle, est la grande époque de Franconville. Le village est étiré en une seule rue de plus d’un kilomètre. Une activité intense existe le long de cette rue grouillante de vie par les passages quotidiens des diligences, des voitures particulières qui ne cessent de circuler. Franconville passa pour un séjour agréable tant à cause de sa proximité de Paris, de l’air pur que nous y respirons ainsi que la fertilité de son sol, des fruits abondants, essentiellement les cerises. Bordée de plusieurs hôtelleries, relais de poste, on y vient séjourner volontiers dans des maisons de plaisance.
C’est ainsi que le comte de Tressan, officier de cavalerie, académicien et poète, vient se fixer à Franconville dès 1766. Il loge dans le petit château qu’un peu plus tard achètera Cadet de Vaux. À proximité, dans la demeure qui deviendra l’institution Suger, habitait Monsieur de la Crosnière, ancien conseiller à la cour des aides. Tout au bout du village était le comte d’Albon qui avait acquis en 1780 la maison de Cassini de Thury, petit-fils du grand Cassini. Le comte d’Albon était aussi prince d’Yvetot et fera aménager un jardin magnifique, on y trouve entre autres le premier arbre de la liberté ou un tombeau dédié à son ami Court de Gèbelin.
Lorsque Cadet de Vaux achète en 1788 son domaine de Franconville, nous sommes à la veille de la Révolution française ; un nouveau chapitre va s’ouvrir.

Sources : documentations de Mr André VAQUIER