Promenade sur la colline de Franconville par Aldo Salvador
Cette promenade se propose de faire découvrir différents aspects de la colline de Franconville souvent ignorés.
(Vous pourrez suivre l'avancement de la promenade sur la carte en cliquant sur ce petit logo pour chaque position indiquée.)
Il s'agit d'un circuit de "promenade-découverte" à travers ce grand espace naturel situé entre l'autoroute A15 et le sommet de la colline : "Espace-vert protégé" et géré par l'A.E.V (Agence des Espaces Verts)
Le départ de ce circuit se situe au croisement du Chemin des Cotillons et du Chemin des Regards, aux panneaux d'information" de l'A.E.V. (face aux jardins communaux de Franconville)
C'est donc à partir de cet endroit, situé au pied du "vallon des Cotillons" que l'on peut, gravir, sillonner et découvrir ce vaste "Espace vert" jusqu'au sommet de cette colline que les anciens nommaient à juste titre "la Montagne" de Cormeilles en Parisis (*) et dont le sommet culmine à plus de 170 mètres.
(*) montagne : "Relief important du sol s'élevant à une grande hauteur" (Dic. Hachette), "Importante élévation de terrain" (Dic. Robert)
D'ailleurs, le terme "montagne" figurait comme lieudit sur les cartes et plusieurs établissements portaient cette désignation comme l'ancien "Sanatorium La Montagne" avant la guerre et de nos jours encore : Le "Restaurant La Montagne" et le "C.A.T la Montagne", situés sur la route stratégique de Cormeilles en Parisis.
Afin de brosser un bref tableau de ce vaste terrain d'exploration et d'aventure, voici quelques informations à la fois géologiques, préhistoriques et historiques sur ce site (Source : Le livre "En passant par Franconville la Garenne" conduit par M. Henri Bertin (1986).
" Il y a environ 45 millions d'années, la vallée où se trouve Franconville s'est retrouvée au cours des âges géologiques, périodiquement envahie par la montée du niveau des océans due à différentes phases de réchauffement climatique.
Toute la vallée s'était transformée en un golfe de mer tropicale et Franconville se trouvait sous environ 20 mètres d'eau. Plusieurs fossiles de coraux, de coquillages et des dents de requins ont été retrouvés lors de fouilles dans la région..."
"...Beaucoup plus proches de nous (il y a environ 200.000 ans), des premières traces de présence humaine ont été retrouvées dans la région (silex taillés, poteries etc.)
La vallée était alors recouverte d'un paysage boisé plutôt ingrat, entrecoupé de marécages ou de vasières et ces premiers hommes habitaient sur les hauteurs. Ils ont laissé peu de traces de leur présence parmi les mammouths, les ours et les hyènes qui peuplaient cette région inhospitalière, balayée par des vents glacials et réguliers..."
Sur le plan géologique notre colline est composée de différentes strates de matériaux qui se sont déposées au fil des temps :
Au sommet de la colline, sous une faible couche de terre végétale où poussent les arbres et autres végétaux, se trouve une couche (de 5 à 10 m d'épaisseur) constituée de limons et argiles à "meulières", pierres très prisées et largement exploitées pour la construction de bâtiments. L'église Sainte-Madeleine de Franconville et autres belles bâtisses de la région en sont encore les témoignages.
Ensuite on trouve une épaisse couche de sable et grès (dit "sable de Fontainebleau") de 20 à 30 m d'épaisseur employé surtout comme remblai pour la construction des routes dans la région. Puis une couche de marnes (très imperméables) de 6 à 7 mètres d'épaisseur, où les eaux infiltrées à travers le sable étaient arrêtées et ne pouvaient s'évacuer que par les nombreuses sources s'échappant des flancs de la colline.
Plus profondément encore, une couche de calcaire (5 m) puis plusieurs couches de différentes marnes (25 m), puis trois "masses" de gypse de respectivement 17 m, 7 m et 2 m d'épaisseurs, exploitées actuellement par Placoplâtre (filiale St Gobain) pour la fabrication de plâtre dans leur usine située sur place.
Cette carrière serait la plus vaste carrière de gypse à ciel ouvert d'Europe (350.000 tonnes de gypse extrait par an). L'exploitation se poursuit actuellement mais de façon souterraine.
Depuis son origine (1822), cette carrière a été exploitée par plusieurs générations de la famille Lambert, d'où son nom de "carrière Lambert" très connu dans la région.
Après ces quelques informations générales et après avoir évalué d'un regard averti le sommet de la "montagne", qui nous domine, son "ascension" peut commencer... au rythme du "pas lent du montagnard".
Au départ, le Chemin des Cotillons grimpe en pente douce, le long du "vallon" qui porte son nom, longeant sur sa gauche les "Jardins familiaux" de Franconville avec leurs petits chalets de bois et de l'autre côté une plantation de jeunes cerisiers (cerises de Montmorency).
Puis plus loin sur la droite, sur une vaste parcelle à flanc de coteau, les silhouettes alignées d'innombrables noyers se profilent au milieu des hautes herbes, côtoyés par des plantations de pommiers et autres arbres fruitiers.
Tous ces arbres ont été plantés par l'A.E.V pour rappeler sans doute l'activité agricole très dense de cette colline, dont la vocation était principalement tournée vers le maraîchage et les productions fruitières : Pommes, poires, prunes, cerises, pêches, sans oublier... la vigne.
Aux champs | Le chemin du Clos | Dans les vergers |
Puis, dans sa portion finale, le Chemin des Cotillons se cabrant brusquement, le circuit emprunte à droite (3ème bloc de pierre) et au pied d'un beau néflier une variante plus douce. Le chemin grimpe alors en serpentant au milieu des hautes herbes à travers une plantation de pommiers et de pruniers pour arriver là haut en lisière de bois d'où on peut déjà découvrir à travers les noyers une belle vue plongeante sur la vallée .
Ensuite, décrivant une légère courbe vers la gauche, le chemin s'enfonce à travers bois, sous le couvert bienfaisant de grands châtaigniers où il progresse lentement vers le sommet.
Bientôt, un grand puits de lumière apparaît à travers les feuillages, indiquant son arrivée sur le "le chemin des Crêtes", large allée qui serpente sur le plateau au sommet de la colline, à plus de 170 mètres d'altitude !
Depuis ce point élevé et derrière le cimetière de Cormeilles, une trouée entre des arbres offre un beau panorama sur toute la vallée, avec une vue plongeante sur Franconville, Sannois, Ermont, situées à nos pieds et en face, Saint-Leu, Saint-Prix, Andilly et toute la colline de Montmorency un peu plus haute que la nôtre avec le manteau sombre de sa forêt qui ferme l'horizon.
En bordure de cette grande allée et en contrebas sur la gauche, derrière une simple clôture grillagée, les vestiges toujours présents d'une ancienne batterie militaire que l'on devine à peine tant les fossés et les bâtiments sont envahis par les lianes et autres végétations sauvages : C'est l'ancienne "Batterie des Cotillons".
Il faut rappeler à ce sujet, que suite à "l'invasion éclair" des Prussiens sur Paris en 1870, cette colline, par son emplacement hautement stratégique a été rapidement dotée par les gouvernements de l'époque d'un grand nombre d'édifices militaires de défense pour constituer une ceinture de protection autour de Paris, du nom de "camp retranché de Paris".
En plus du Fort de Cormeilles érigé à la hâte de 1874 à 1877 (en cours de restauration et qui se visite) il y avait sur ce plateau et tout le long de la "route stratégique", un véritable chapelet d'édifices militaires.
D'ouest en est, on trouvait successivement le Fort de Cormeilles et les batteries : De la "Borne de marbre", "de Risque-tout", "de l'Étang", "des Cotillons", "du Rond point", "du Château rouge", ainsi que la "Redoute de Franconville" située en haut du Bois des Monts-frais, au bord de l'ancienne route stratégique.
Poursuivant le Chemin des Crêtes au bord duquel des tas de bois ou des grumes sont stockés par les forestiers, cette ballade nous conduit bientôt au niveau du chemin de Cormeilles que l'on emprunte sur la droite dans une descente à travers l'épaisse forêt de châtaigniers. Puis sur la gauche un sentier rocailleux et raviné conduit en pente douce à l'orée du Bois des Rinvals, où il débouche au milieu d'une large clairière au pied d'une butte. |
Une grande bâtisse isolée se dresse à cet endroit, posée à flanc de colline derrière des sapins (c'est la maison forestière de l'A.E.V). Plus haut et sur la gauche, à la lisière du bois des Rinvals, on devine à travers les feuillages la silhouette d'une plate-forme cimentée...
Après une courte "grimpette" par un étroit sentier escarpé, on accède avec surprise à cet endroit élevé et très dégagé, totalement inattendu et unique dans la région :
Le "Belvédère des Rinvals", aménagé sur le terrain de tennis d'une ancienne propriété aujourd'hui disparue.
Depuis cette "terrasse" ensoleillée, idéalement située en balcon et agrémentée de bancs, de sièges en rondins et "d'arbres à livres", on peut se reposer, se distraire ou se cultiver et jouir d'un panorama unique sur toute la vallée, avec Franconville à nos pieds.
Après cette petite halte et quelques belles photos "panoramiques", on peut redescendre en serpentant dans les hautes herbes entre d'antiques arbres fruitiers (cerisiers, noyers,...) et quelques buissons d'églantiers, d'un ancien verger abandonné, (celui de : "M. Herriot et de ses ruches") pour rejoindre la clairière en contrebas.
Le circuit emprunte ensuite la Sente des Rinvals qui descend en longeant sur la gauche l'ancienne propriété (où siège actuellement l'A.E.V.) jusqu'à venir croiser le Chemin des Rommes.
Autrefois, la Sente des Rinvals se prolongeait tout droit vers le bas, par le chemin du même nom jusqu'à la Place Saint-Marc (et sa source réputée) au bord de la rue de Paris (RN 14) avant d'être coupée par l'autoroute.
Quant à l'ancienne "Source des Rinvals" (perdue au milieu du bois) celle qui alimentait la vaste pièce d'eau de la propriété du Comte d'Albon (1753-1789), elle a disparu vers 1960, se trouvant par malchance sur le tracé de l'A15...comme la "Fontaine Saint-Marc" qui a subi le même sort.
La promenade se poursuit ensuite sur la droite en empruntant la portion du Chemin des Rommes qui se rapproche de l'autoroute.
C'est sans doute à proximité de ce lieu (d'après une carte de 1785) que se trouvait "le Chaslée" (entouré en rouge sur la carte), petit hameau de "chalets suisses", une des nombreuses "curiosités" que le Comte d'Albon avait fait construire dans ses jardins qui s'étendaient du bas de Franconville jusqu'au sommet de la "Montagne", suivant un plan topographique de 1784.
Cet endroit étant très proche de l'autoroute et de ses nuisances sonores, on peut s'en éloigner pour retrouver le calme de la forêt, en empruntant un petit sentier sur la droite qui contourne une imposante cépée de laurier. Il traverse d'un côté un ancien verger de pruniers (des quetschiers) et de l'autre une rangée de vénérables cerisiers (bigarreaux) aux ramures sombres et torturées.
Le sentier s'enfonce ensuite dans la forêt, et se faufile entre noisetiers, charmes, acacias... et ronciers, pour rejoindre à nouveau le Chemin de Cormeilles bordé à cet endroit de hauts talus et de châtaigniers, où un peu plus bas se trouvait une Sablière. |
Depuis le Chemin de Cormeilles où nous étions revenus tout à l'heure et juste en face, la "Sente des Cotillons" poursuit la promenade à flanc de colline et en balcon, d'où l'on (avait !) une très belle vue sur la vallée...avant que la végétation ne reprenne aujourd'hui ses droits !
Le chemin dévale ensuite le coteau vers la gauche, sur une pente herbeuse à travers d'anciens vergers de pommiers et de pruniers et longe une haie d'aubépines, de prunelliers, d'églantiers, de cornouillers et autres arbustes sauvages. Il se déroule ensuite en empruntant une pelouse en friche parsemée au fil des saisons d'un cortège ininterrompu de fleurs des champs: Pois de senteurs, marjolaine, verges d'or, tanaisie, millepertuis et autres fleurs sauvages... pour passer enfin au pied d'un grand cerisier "hors d'âge" à la silhouette imposante.
Après avoir traversé le tunnel de verdure d'un bosquet de noisetiers, le sentier débouche soudain dans une clairière où nous accueille la "Fontaine des Cotillons" et son grand bassin de pierre. Quelques pas plus bas et au bord du Chemin des Regards, une charmante petite mare, cachée derrière un rideau de plantes aquatiques, sommeille paisiblement à l'ombre protectrice de deux grands saules-pleureurs.
Cette mare est alimentée par unepetite rigole où s'écoule le mince filet d'eau d'une source sortant d'une niche en pierre située un peu plus haut. Au printemps, cette mare est très fréquentée par de nombreux batraciens qui viennent s'y se reproduire, dont une espèce protégée très rare dans la région, le fameux "crapaud calamite".
Ce crapaud a en effet la curieuse habitude de se reposer au sol dans la journée en se cachant dans des petits terriers, sous des pierres ou des touffes d'herbe et de se déplacer la nuit pour chasser ses proies, non pas en sautant comme la plupart des crapauds... mais en trottinant !
Enfin, pour terminer agréablement cette promenade, pourquoi ne pas faire une halte reposante et bucolique sur le rebord accueillant de la fontaine,en écoutant le bruit de l'eau qui coule ? Ce pourrait être une bonne idée avant de boucler ce circuit dont le point d'arrivée n'est plus qu'à quelques pas.
Cette randonnée bucolique sur la "Montagne de Franconville" se termine donc à cet endroit et comme le disait si bien Jean FERRAT dans sa chanson :
"Pourtant, que la montagne est belle..." | |||
au printemps... | en été... | en automne... | et en hiver ! |
C'est bien vrai ! Et en plus, elle est belle en toutes saisons...