Saint Denis et les ROIS de FRANCE ParAllain PRIGENTBtn retour

St Denis et les rois

La basilique suscita au fil des siècles passions, rejets et abandon au gré de la volonté royale et politique. Elle fut abandonnée durant un siècle par les Mérovingiens et les Carolingiens. L’abbaye est associée à un changement de dynastie avec Hugues Capet en 996 et devient le lieu d’inhumation de la royauté. Suger au XII siècle affirme l’importance du rôle de la nécropole de la basilique, les sépultures royales se trouvent comme de droit naturel en l’église de Saint Denis. La fausse donation de Charlemagne en 813, que les moines n’hésitent pas à produire, stipule qu’en remerciement des victoires remportées sur les païens, il donne la France en fief à Saint Denis où le roi doit être sacré, celui-ci dépose sa couronne sur l’autel des martyrs en offrant quatre pesants d’or afin de montrer qu’il reçoit le royaume en héritage de Dieu et des Saints. Les rois se succèdent et les liens entre abbaye et monarchie se renforcent, Saint Denis devient au XII siècle dépositaire unique des « Régalia » alors conservés dans le Trésor de l’abbaye et apportés solennellement à Reims par l’abbé de Saint Denis le jour du sacre.

Les églises successives
La chapelle de Sainte Geneviève

C’est vers 475 que Sainte Geneviève décida d’élever une chapelle à l’endroit où reposait les restes de Saint Denis et de ses compagnons Rustique et Eleuthère. Les substructures d’époque mérovingienne indiquent un édifice de dimensions importantes dépassant celles d’un simple oratoire.

L’église de Dagobert

Dagobert devenu roi en 622, fit élever une basilique dans laquelle il voulu reposer ayant par dévotion choisi d’être auprès des reliques des saints martyrs fit orner le sanctuaire existant. Saint Eloi orna le sanctuaire existant, prodigua tout son art dans la construction et l’ornementation d’un nouveau tombeau, les reliques y furent solennellement mises en place le 24 février 636. Ce fut le 19 janvier 638 que Dagobert fut le premier roi à être inhumé dans l’église auprès de Saint Denis.

L’église carolingienne

Fulrad, abbé de Saint Denis, apparenté aux Héristal, est chargé par Pépin le Bref d’entrer en pourparlers avec le pape Zacharie en 751, sur une éventuelle substitution aux Mérovingiens. Le 28 juillet 754 le pape Étienne II successeur de Zacharie, donnait l’onction à Pépin, sa femme Berthe et à ses deux fils Carles, le futur Grand et Carloman, dans une nouvelle église mise en chantier quatre ans auparavant. Ce sacre avait une portée historique dépassant le cadre de notre pays, ainsi fut conclue au tombeau de Saint Denis l’alliance de la France et de la papauté. Pépin voulu y être enterré au seuil de la basilique, en signe d’humilité, pour que tous ses sujets passent sur son corps. Cette église sera terminé sous Charlemagne le 24 février 775 qui assistera en personne à la dédicace de cette abbatiale carolingienne.
Toutes ses richesses ne devait pas résister aux invasions normandes qui provoquèrent plusieurs fois l’abandon de l’abbaye, en 841 Hilduin fuit en Gatinais, en 857 le monastère est pillé, les reliques portées à Nogent sur Seine et en 876 emmenées à Laon. Les abbés réorganisent l’administration de leurs importants domaines que l’anarchie du X° siècle rendait difficile. Il faudra attendre Suger pour voir un plan d’ensemble grandiose se réaliser.

L’église de l’Abbé Suger

Peu d’hommes eurent un tel rayonnement personnel sur leurs contemporains. Peu nombreux aussi ceux qui ont laissé tant de traces de leur passage. Rien par ailleurs ne semblait l’appeler à jouer un jour un tel rôle dans des domaines où devait s’exercer ses multiples compétences. Homme de petite stature mais d’un esprit vigoureux il s’imposera grâce à la valeur de ses dons exceptionnels.
Né de famille pauvre à Saint Denis, il entre à l’abbaye comme oblat. Là il rencontre le fils du roi Philippe I°, le futur Louis VI le gros qui devient son compagnon de jeux et d’études, leur amitié ne se démentira jamais. Cette amitié fait de lui un familier du palais royal ; il sera de ce fait le conseiller de Louis VI comme plus tard de son fils Louis VII le jeune dont il dirigea l’éducation. Après avoir rempli plusieurs charges importantes, assisté à plusieurs conciles, il sera élu abbé de St Denis en 1122. Il fut un trait d’union entre les deux régimes qui totalisent tous deux soixante treize années de règne. Louis VII partit pour la croisade entre 1147 et 1149, Suger fut nommé Régent du royaume.
Jusqu'à sa mort il œuvra au renforcement du pouvoir royal et à l’amélioration de la justice. Il conseilla aux deux souverains qu’il servit, de s’appuyer sur les bourgeois des villes contre les féodaux pillards et indisciplinés. Aux villes qui le demandaient furent accordées des chartres, où étaient consignés les droits concédés par le roi : la faculté de rendre la justice, de s’armer, de lever des impôts. Vers la fin de sa vie il écrivit la biographie de ces deux rois.
Il se consacra à la reconstruction de la basilique de Saint Denis. Le triste état de la basilique carolingienne l’avait toujours ému. Il avait été témoin de ses dangers et de ses insuffisances aux jours d’influence. Devenu abbé, il se met à l’œuvre et réunit les plus habiles ouvriers : architectes, orfèvres, verriers, sculpteurs. Il choisit la pierre d’une carrière de Pontoise, le marbre d’Italie, le bois de la forêt d’Yvelines, or argent et pierres précieuses. En 1130 il fait édifier une nouvelle façade ouest, il agrandit l’abbatiale en remaniant le narthex, l’avant nef, d’une façade dotée pour la première fois d’une rose et de trois portails de grande dimensions. Le 9 juin 1140 cette façade est flanquée de deux tours et le 11 juin 1144 le chevet est consacré. Louis VII assistait à la cérémonie en compagnie de la reine Aliénor d’Aquitaine. Lorsque la reconstruction de Saint Denis, premier édifice gothique, fut achevée, Suger fit graver au bas d’un vitrail : « moi-même, Suger, en ai dirigé les travaux ».
Suger ne put toutefois achever la construction rêvée. Sa mort survint le 17 janvier 1151.

Domaine Dionysien

En 880 suite aux invasions normandes, les francs construisent le château du Mail situé entre Sannois et Franconville, en bordure du chemin du fort de Cormeilles. Ce château très bien situé, permet de découvrir la vallée et de protéger Saint Denis. Il sera détruit par le régent, futur Charles V lors de la captivité de son père Jean le Bon, par les anglais. Progressivement, l’abbaye de Saint Denis étend ses pouvoirs sur le domaine de Franconville, domaine appelé « Clos Saint Denis », par des acquisitions successives, des échanges, des donations. Une route se crée de Saint Denis à Pontoise et peu à peu des habitations vont apparaitre le long de cette nouvelle voie.
Avec l’avènement d’Hugues Capet (987-996), nous assistons à la formation du pouvoir royal. L’Ile de France constitue le berceau du domaine royal et Franconville en fait partie. Les anciens souverains Mérovingiens et Carolingiens, par leurs libéralités au profit de l’abbaye de Saint Denis, en firent le plus important propriétaire foncier.
Du XIII° aux XVIII° siècles la Basilique continue d’être mêlée à tous les évènements de l’histoire nationale. C’est là que les rois viennent lever l’Oriflamme pour aller à la guerre. C’est là que Jeanne d’Arc offre un trophée pris aux anglais et dépose ses armes après l’insuccès du siège de Paris en 1429. C’est là qu’Henri IV abjure le protestantisme en 1593. C’est là que Bossuet prononce en présence de Louis XIV l’oraison funèbre de Marie-Thérèse d’Autriche en 1683. Si l’abbaye reste le haut lieu des grandes cérémonies royales jusqu’à la Révolution, elle va subir un continuel déclin ; après les guerres de religion, le déclin s’accentue. Louis XIV ne souscrit pas au projet présenté par Colbert d’élever une chapelle funéraire pour les Bourbons.
Le décret de l’Assemblée nationale du 18 février 1790 supprimait les ordres monastiques et le 12 septembre 1792 les bénédictins de l’abbaye chantaient leur dernier office.
Franconville sera partagé de sa création par les moines de l’Abbaye à la Révolution entre les puissants seigneurs de Montmorency et la riche abbaye de Saint Denis.