Antoine Court De GEBELIN Par Allain Prigent
Il est né à Nîmes en 1725, fils d’un pasteur protestant qui avait quitté Nîmes en 1729 pour venir en Suisse dirigé un séminaire évangélique à Lausanne.
Le nom de Gebelin vient de sa grand-mère paternelle qu’il utilisait par précaution. Dès l’age de 18 ans le jeune Antoine servit de secrétaire à son père, et en 1754 il était lui même consacré au ministère évangélique. Il abandonna bientôt ce ministère pour se livrer à des travaux d’érudition, étude des anciennes mythologie, et pour être plus libre de poursuivre le triomphe des principes de la tolérance religieuse.
A la mort de son père en 1760, il entre en France, vient se fixer à Paris pour se livrer à des travaux littéraires et plaider avec succès la cause de ses coreligionnaires.
Pendant 20 ans, il travailla à un énorme ouvrage «Le Monde Primitif » qui devait comporter au moins 30 volumes, mais dont Gebelin n’eut le temps que de terminer les neuf premiers. Cet ouvrage fit sa consécration. Il lui valut une telle réputation, quoique protestant, il fut nommé censeur royal par le Roi.
Le monde primitif analysé et comparé avec le monde moderne
Le premier volume, est l’explication de la mythologie ancienne qui n’est qu’une allégorie et il en cherche l’explication dans l’agriculture, qui selon lui aurait été décrite sous forme de textes faciles à retenir. Ce volume concerne une étude de l’origine du langage et de l’écriture.
Le second volume, grammaire universelle et comparative.
Le troisième volume, Histoire naturelle de la parole.
Le quatrième volume, Histoire du calendrier.
Les cinq, six, sept et huitième volumes : dictionnaires étymologiques des langues grecque, latine et française.
Le huitième volume, 1781, examine le blason, les monnaies et les jeux.Court de gebelin étudie le premier l’histoire du tarot divinatoire.
Il est intéressant à plus d’un titre, Court de Gebelin eût le mérite d’attirer l’attention des milieux branchés du XVIII siècle sur le tarot et de lui permettre sa survie.
Gebelin traite de son origine, en explique les allégories, les formules numériques d’après lesquelles il a été composé, il nous fait voir qu’il est à l’origine de nos cartes modernes à jouer.
Dès son arrivée à Paris , il créa un établissement destiné à recevoir les plaintes et les idées diverses des protestants de tout le royaume. Il souhaitait intéresser tous les personnages influents de son époque, à défendre les principes de liberté de conscience et les faire triompher.
La liberté civile et politique trouva aussi en lui un avocat. Il coopéra avec Franklin et quelques autres écrivains à une publication destinée à la défense de l’indépendance des américains.
Court de Gebelin fut également un zélé partisan des principes des physiocrates. Quesnay, le fondateur de cette théorie, l’appelait son disciple bien aimé. Il fut entraîné vers ses principes dans lesquels il ne voyait que la glorification de l’agriculture.
La physiocratie est le gouvernement par la nature. Son fondateur est François Quesnay. C’est une école de pensée économique et politique, née en France vers 1750. La doctrine des physiocrates est un mélange de libéralisme économique et de despotisme éclairé.
Franc maçon zélé
Il était membre et secrétaire de la «loge des neuf sœurs» la plus fameuse des loges parisiennes qui n’était composée que de savants tels que : Lalande, Lecepede, Condorcet, Chamfort, et autres et dont Franklin qui durant son séjour à Paris avait été vénérable.
C’est aux bras de Gebelin d’un coté et de Franklin de l’autre que Voltaire avait fait son entrée dans cette loge le jour de son initiation le 7 avril 1778.
Gebelin à Franconville
Gebelin était un ami du Comte d’Albon, ce dernier prince d’Yvetot, un peu farfelu, qui venait de s’installer à Franconville en 1780, et avait entrepris la construction d’immenses jardins qui dans son esprit devait éclipser tous les autres, montant de la route de Pontoise jusqu’au sommet de la colline.
Quand Court de Gebelin venait s’asseoir sous les grands arbres ombragés de la colline, il ne manquait pas d’évoquer avec le Comte d’Albon les principes de tolérance dont ils étaient épris tous deux. Comme tous les faiseurs de jardins à cette époque, le Comte d’Albon enviait à Ermenonville le corps de Jean-Jacques Rousseau qui y était enterré, et il souhaitait avoir un cadavre dans les siens. L'occasion lui fut offerte d'avoir un vrai cadavre dans ses jardins, et celui d'un protestant. Ce fut la mort subite de son ami Gebelin dont il fut profondément affecté.
Lorsque Gebelin mourut en mai 1784 il fut enterré dans le cimetière protestant parisien. Le Comte d’Albon faisant valoir son amitié et la renommé de ce savant, afin de lui donner une sépulture digne, demanda de le faire exhumer Lorsqu’il en fit la demande au roi celui-ci aurait répondu «que Monsieur d’Albon ferait mieux de payer les dettes de Monsieur de Gebelin » Il fit transporter le corps dans ses jardins et l’inhumation eut lieu le 10 juillet 1784. Après l’avoir fait mettre dans un cercueil de plomb il lui fit construire un tombeau orné de quatre stèles funéraires, sur l’une des colonnes il avait fait graver : «Passant, vénérez cette tombe, Gebelin y repose » Le tombeau fut profané à la Révolution française, la trace n’en est plus visible.
Où est situé ce tombeau ? Le Comte d’Albon écrit «Le tombeau que je lui ai élevé est situé dans un endroit écarté qu’il choisissait pour réfléchir et promener ses idées philosophiques sur le tableau de la nature ... ».