Le château Cadet de Vaux par Allain Prigent
Situé rue d’Ermont face à la propriété de Monsieur Michel-Velut de La Crosnière se trouve un vaste terrain appartenant aux héritiers de la veuve du sieur Couet de Montbayeux, écuyer, avocat au Parlement. Cette terre est acquise en décembre 1758 par les Becquet qui vont ériger un petit château.
La famille Becquet est d’origine anglaise, fixée en France dès le XV° siècle dans les Flandres, famille comptant érudits, notaires, procureurs et médecins. Jacques Philippe François Becquet possédait nombreuses seigneuries du coté de Douai. Il épouse en 1754 en secondes noces à l’âge de soixante-deux ans Anne-Charlotte Blottin âgée de vingt-cinq ans. Ils auront deux filles : Louise-Jacqueline qui épouse en 1789 Charles Martin des Fontaines à Franconville et Anne-Thérèse qui meurt à vingt trois ans enterrée à Franconville en 1776 ainsi que deux garçons, l’ainé Thomas de Cantorbéry Becquet et le cadet Michel François seigneur de Layance. Jacques Becquet perdit son épouse le 6 juillet 1769, et il meurt le 9 novembre 1776 à l’âge de quatre-vingt-un ans, il fut enterré dans l’église de Franconville. Par son testament, les enfants de son second lit tous mineurs, se partagent les biens de Franconville dont des bois dans la côte Saint Marc, des terres à Montigny et Taverny ainsi que des biens en Flandre et Hainaut. En 1777 les mineurs sont déclarés émancipés, ils prennent en main la gérance de leurs biens.
Dès 1776 le château est loué à Louis-Elisabeth de Tressan, comte de Lavergne. On le nomme lieutenant général des armées du roi, membre des Académies royales de Paris, Londres, Berlin et Edimbourg. Il décède accidentellement fin octobre 1783.
Les propriétaires venaient très peu à Franconville, le domaine se trouva aliéné à partir de 1787. Il fut cédé au Marquis de Myons arpents de terre et bois dans la côte Saint Marc ainsi que des maisons, la principale propriété fut vendue à Cadet de Vaux.
Le 22 août 1788 Antoine Alexis Cadet de Vaux se rend acquéreur du petit château et autres immeubles pour la somme de 28000 livres. Chimiste, journaliste, écrivain il fut surtout un philanthrope, durant la Révolution il est nommé commandant de la garde nationale de Franconville et sera Président du Conseil général du département. En juin 1800 il vendit une partie de ses biens, ce sera le 25 février 1820 qu’il cède son château pour 42000 francs à Louis Hippolyte Leroy , en juin 1821 il cède ce qui lui reste à Jean André Henri Lucas, chevalier de l’ordre royal de la légion d’honneur. Cadet de Vaux décède en 1828 à Nogent les Vierges.
Hippolyte Leroy était un grand modiste parisien fondateur d’une maison à son nom situé rue de Richelieu il avait eu pour clientes les plus élégantes femmes de la capitale. En 1804 il fournit le costume du sacre de l’impératrice Joséphine de Beauharnais et devient le fournisseur attitré de l’impératrice et de nombreuses autres cours européennes.
De nombreux propriétaires se succéderont dont les Mazimbert et les Colonna. A la fin du XX° siècle le château devient propriété de la ville et est occupé par le Conservatoire de musique jusqu’en 2007. Le 25 octobre 1975 un musée y est inauguré sous l’impulsion de M.Vacquier, historien.
Le château possède un parc en centre ville de trois hectares où nous pouvons y découvrir des arbres remarquables. Le séquoia de Californie considéré comme l’un des plus grands arbres de la planète, il est originaire des pentes orientales de la Sierra Nevada en Californie. Le gingo biloba ou arbre à 40 écus, il n’a survécu à l’état sauvage qu’en Chine du sud est, les moines bouddhistes l’avaient surnommé « arbre sacré » en raison de sa longévité. Le prunus pissardii, nom donné par le botaniste Elie Abel Carrière en souvenir de Pisard jardinier en chef dans les jardins impériaux du Shah de Perse. Le pin grifithii originaire de l’Himalaya et reconnaissable à ses longues aiguilles vert cendré. Le pin noir d’Autriche introduit en France en 1830, nous le retrouvons sur les plateaux calcaires du nord est dans les Causses et les moyennes montagnes méridionales. Le cyprès de Louisiane vit de 200 à 300 ans. Ils peuvent atteindre 30 à 50 mètres pour un diamètre de tronc de 2 mètres.
A l’extrémité du parc nous pouvons découvrir une glacière. Liée au château elle était destinée à conserver en toutes saisons la glace et la neige durcie amassée pendant l’hiver. C’est un réservoir en pierre, construit en forme d’œuf et enterrée aux trois-quarts. Un monticule généralement, planté et accompagné d’une entrée, assurait l’isolement de la partie supérieure. En remontant l’allée du parc pour se diriger vers le château, nous avions une serre où Cadet de Vaux réalisait la plupart de ses expériences, aujourd’hui disparue.
Ce parc devenu public, a été dans le passé témoin de nombreux évènements.