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Pressés de rentrer en France, Raymond Lefebvre, Lepetit, Vergeat et Toubine avaient alors décidé de s’embarquer sur un petit bateau de pêche soviétique qui se trouvait là avec deux pêcheurs russes à bord et de gagner Vardoe par leurs propres moyens. Mais une soudaine et terrible tempête éclata peu après leur départ. Et la frêle embarcation, nullement faite pour affronter les subites colères de l’Arctique, avait été engloutie par les flots.

Lettre de Chliapnikov du 1er juillet 1921 :


Les camarades Vergeat et Lepetit devaient s’embarquer à bord d’un canot automobile de pêche et longer la côte jusqu’à l’un des villages du Petchenga. Là les attendait un vergeat cartenavire de pêcheur qui devait les prendre pour les conduire à Bergen. Ce navire était, me semble-t-il, un voilier, mais de tonnage relativement plus grand que les canots automobiles de pêche sur lesquels s’effectuaient les traversées entre Mourmansk et Vardo (port norvégien). Le jour même, par le train allant sur Petrograd, je quittai les deux camarades. Ils devaient s’embarquer quelques heures plus tard.
La tempête sur l’océan a duré plusieurs jours et les a évidemment anéantis quelque part à proximité des côtes de Norvège. Je sais par, les camarades de Mourmansk qu’ils étaient arrivés heureusement jusqu’à un village du Petchenga. Je sais aussi qu’ils s’étaient embarqués sur le navire à voile qui les attendait, mais personne ne peut rien communiquer quant à leur voyage ultérieur. Ils ont été obligés de choisir un chemin aussi dangereux parce que la police norvégienne des ports-frontières les plus proches de la Russie avait une attitude de provocation à l’égard de tous les citoyens venant de Russie, ne permettait pas de débarquer et de faire usage des navires à vapeur pour continuer le voyage et se permettait d’arrêter les voyageurs, même munis de tous les documents nécessaires au passage à travers la Norvège.
Le désir de ne pas être en butte aux provocations du gouvernement norvégien a incité Vergeat et Lepetit à chercher d’autres routes. La seule, à cette époque, était la route illégale avec les pêcheurs norvégiens ou finlandais, à travers tous les cordons de police et par le tempétueux Océan glacial. En outre, il fallait descendre le plus profondément possible au sud et, dans ces ports, trouver la possibilité de s’embarquer à bord d’un paquebot ou bien se diriger par chemin de fer vers d’autres frontières.